« Je suis seule. Je n’ai qu’à me fermer les yeux pour m’en apercevoir. Quand on veut savoir où on est, on se ferme les yeux. On est là où on est quand on a les yeux fermés : on est dans le noir et dans le vide. Il y a ma mère, mon père, mon frère Christian, Constance Chlore. Mais ils ne sont pas là où je suis quand j’ai les yeux fermés. Là où je suis quand j’ai les yeux fermés il n’y a personne, il n’y a jamais que moi. Il ne faut pas s’occuper des autres : ils sont ailleurs. Quand je parle ou que je joue avec les autres, je sens bien qu’ils sont à l’extérieur, qu’ils ne peuvent pas entrer où je suis et que je ne peut pas entrer où ils sont. Je sais bien qu’aussitôt que leurs voix ne m’empêcheront plus d’entendre mon silence, la solitude et la peur me reprendront.»
J'ai relu l'avalée des avalés pour la énième fois cette semaine. Ce livre là vient toujours me chercher un peu trop profondément; et plus les années passent, pire c’est. Réjean Ducharme n’est pas bon pour la solitude, quand on se sent seul on devrait l’éviter. Mon présent état d’esprit à tout de même fait que j’ai ressentie le besoin de m’y replonger, dans l’espoir d’y trouver des vérités qui m’auraient échappées au cours de mes précédentes lectures.
La solitude est un des thèmes principaux du roman. L’amitié aussi. La relation entre Bérénice et Constance Chlore (rebaptisée Constance Exsangue après sa mort) m’a troublée plus que jamais. Elles m’ont émues jusqu’aux larmes.
Bérénice et Constance: deux personnes, même personne. Puis, Constance est morte. C’était un accident, un bête accident. C’était une journée où il faisait beau. À part l’angoisse qui les tenaillaient depuis les dernier jours, rien ne laissait prévoir la catastrophe. Puis, pouf! Plus rien. Une voiture est passée et la pauvre a été fauchée.
Cette fin abrupte m’a toujours fait mal. Elle me chavirait en tant que lectrice. Elle me chavire encore autant. Mais maintenant j’ai compris: Constance, stupéfiante de beauté et d’insolence, ne pouvait peut-être juste pas vieillir...
«Constance Chlore n’est plus. Drôle d’idée. Sur le coup, j’ai perdue les pédales. Maintenant, je ne sens rien. Donc, c’est ça la mort de Constance Chlore. Donc, c’est ça, une feue Constance Chlore. Si elle m’entendait la pauvre, elle qui avait tant de respect pour les décédés. Mais, belle amie, est-ce qu’on est responsable de ne pas avoir de larmes, est-ce que le puit est responsable de ne pas avoir d’eau?»
vendredi 23 octobre 2009
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L'être humain n'est pas fait pour être seul; sa nature est grégaire. La tristesse mène à la solitude et la joie, à la présence des amies. Parfois, on devrait faire le contraire...
RépondreSupprimerJe voudrais bien que tu me passes ton livre "L'avalée des avalées" pour mieux comprendre.