Je crois en la complémentarité des sexes. Je me dis féministe même si, personnellement, j'admet avoir besoin d'un homme pilier dans ma vie. Rester à la maison avec les enfants et avoir très peu d'indépendance financière ne me fait pas peur. Je ne me sens pas moins accomplie parce que je n'ai pas de carrière. Je suis heureuse d'être l'ombre de mon mari et j'y trouve beaucoup de fierté. Je suis une féministe qui veut avoir le droit de dire ces choses là sans jugement. Je suis aussi une féministe qui a parfois honte de ne pas livrer bataille pour les autres femmes autour d'elle.
J'habite dans un pays ou les femmes, les handicapés, les homosexuels et tous ceux qui appartiennent à une minorité sont réprimés quotidiennement. Cette réalité étouffante me paralyse. Je viens d'un endroit où les hommes se disent féministes, où la quête pour l'égalité des sexes, le respect des différences est une chose quasiment acquise. Je n'ai jamais eu à me battre. Je suis maintenant ici et je stagne. La vérité est que j'ai peur. Les hommes autour de moi, même celui que j'aime, frissonnent juste à entendre le mot "féministe". Je veux m'acharner à défaire les stéréotypes et à enlever la connotation négative du terme mais, chaque fois, toute mon émotivité de femme blessée me compresse l'oesophage. Inévitablement, les larmes me montent aux yeux et j'en perd toute ma crédibilité.
Réprimée par les autres et esclave de moi-même. Quelle horreur.